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Gageons que celui qui ouvrira ces Cahiers ne les quittera pas de sitĂŽt. Souvent il aura lu Barrage contre le Pacifique, LâAmant, La Douleur. Il connaĂźtra dĂ©jĂ la personnalitĂ© de Marguerite Duras, nĂ©e en 1914. Mais ceci, elle lâa Ă©crit (entre 1943 et 1949) pour elle-mĂȘme, pour ne pas oublier. Dâabord son enfance, lâIndochine. Sa mĂšre, veuve, acharnĂ©e Ă faire vivre ses trois enfants, dignement. Les corrections maternelles, puis celles de son frĂšre. Sa soumission, sa naĂŻvetĂ©. Ă quatorze ans, survient un soupirant riche mais annamite que la famille exploite. Viennent les annĂ©es de guerre, un Ă©crit sur la torture, la dĂ©portation de son Ă©poux, lâattente de son retour, insoutenable. Puis une Ă©tude mi-humoristique mi-grave du comportement de sa concierge.
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Souvenirs autobiographiques, Ă©bauches de romans, courtes pochades, tout est passionnant. LâĂ©criture est fluide, ni recherchĂ©e, ni travaillĂ©e (sauf dans le dernier Ă©crit). Mais belle, tout simplement. On est tentĂ© dâen reprendre la lecture, de revivre ces parcelles de vie, de voir battre un coeur.