Béla Bartók contre le Troisième Reich.

ESPMARK Kjell

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Béla Bartók, fuyant les Nazis, dîne avec sa femme dans un restaurant de Nîmes, sur la route de l’exil, lorsqu’une Citroën noire s’arrête sur la place, avec deux hommes armés… Des évocations, des prémonitions l’envahissent aussitôt en foule. Il se remémore son patient travail de recueil des musiques populaires dans les villages hongrois, son enfance, revoit sa mère, son fils, un concert avec sa femme pianiste, tout ce qui a nourri sa musique sensuelle, atteinte à sa source même par “l’empire vert-de-gris”. Son oreille sensible perçoit les gémissements des victimes, les plaintes des morts… Il voit sa patrie exsangue, la terre froide de l’exil, la méconnaissance, la précarité qui l’attendent… Comme on le sait, Béla Bartók parviendra quand même aux États-Unis.

 

Ce texte bref et frémissant est nourri d’une connaissance attentive de l’oeuvre de Bartók (comme l’était, pour celle de l’écrivain, Le voyage de Voltaire, N.B. août-sept. 2002). L’élégance de l’expression, traduite avec bonheur, l’ampleur de l’évocation autour d’un seul incident tragique retiendront aussi bien un lecteur moins averti.