Au-delà d’un cri d’alarme contre les ravages d’une bombe atomique propre ou sale, ou seulement d’un accident dans une centrale, Günter Anders refuse toute comparaison entre la destruction massive d’un monde où les puissances nucléaires prolifèrent et les avantages d’une énergie se substituant à celles qui polluent et disparaissent. L’ouvrage appelle à un bouleversement intellectuel. L’essentiel du titre serait moins « menace nucléaire » que « considérations radicales » qui obligent à réinventer pensée et morale humaines face à l’ampleur incommensurable de l’apocalypse. Il n’y a pas responsabilité distincte entre fabricant et utilisateur, “non chrétien” et “bon samaritain”, mais unicité de pensée, d’action chez tout individu, quel que soit son rôle. Günter Anders, philosophe allemand, émigré aux États-Unis en 1936 (L’obsolescence de l’homme, écrit en 1956, traduit en 2002), a publié en 1971 treize essais réédités et enrichis par une annexe (« Dix thèses pour Tchernobyl »), qui sont l’objet de la présente traduction française. Typographie grisâtre pour la pensée très recherchée d’un auteur dont les apparents paradoxes ou outrances ne masquent pas une conviction solidement étayée.
La Menace nucléaire : considérations radicales sur l’âge atomique.
ANDERS Günther