L’enfant ne connaît de son Papy qu’une photo, en jeune militaire médaillé, abandonnée dans le grenier familial. Quand il découvre dans la maison de retraite ce grand-père muet sur sa chaise roulante, son imagination débridée interprète la situation : Papy a les dents serrées ? C’est un espion qui ne veut pas livrer son secret… Il tend la main vers la porte ? Il faut l’aider dans son évasion. Celle-ci tourne en course-poursuite avec une« blouse blanche », heureusement terminée chez Lucie, la vieille et paisible amie.
L’adulte lit à travers les lignes la détresse, l’isolement d’un vieillard paralysé, son désir de fuir. L’illustration, d’une grande qualité graphique – plume et aquarelle – interprète le texte avec intelligence et sensibilité : le lavis d’encre noir souligne la tristesse du « château » mais les visages sont ridés avec douceur. La complicité plausible entre le jeune enfant – si naturel dans son anorak rouge, la casquette vissée à l’envers – et les personnes âgées est évoquée avec chaleur. Curieux regard sur la vieillesse, à la fois invitation à la rencontre pour les uns, à la réflexion douce-amère pour les autres.