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Dans un futur apocalyptique, Bilal continue de retracer les retrouvailles, à l’âge de trente ans, des orphelins de Sarajevo nés en 1993 sous les bombes, puis dispersés aux quatre coins du monde : Nike, Amir et la blonde Leyla. À l’origine en 1998, avec Le Sommeil du Monstre (N.B. déc. 1998), l’histoire devait comporter seulement trois tomes, mais s’enrichissant elle-même au fur à mesure qu’elle progresse, elle nécessitera un quatrième. Ce troisième acte, qui se déroule dans un futur proche où les réminiscences des luttes fratricides yougoslaves des années quatre-vingt-dix sont très prégnantes, dénonce tous les obscurantismes, religieux, politiques, technologiques, égotistes.
Une fois de plus, le scénario est compliqué, comportant de longs récitatifs typographiés, mais le graphisme est toujours aussi splendide et puissant. Chaque case est un tableau, l’auteur d’ailleurs a exposé des peintures. Le lecteur est visuellement subjugué par ces personnages aux visages superbes, aux corps à demi-robotisés. Les comprendre et suivre leurs états d’âme suppose toutefois beaucoup d’attention et, à l’image de 32 décembre (N.B. nov. 2003), l’album nécessite plusieurs lectures pour être assimilé, ainsi que l’admet l’auteur lui-même.