Écrivain talentueux, Alessandro Baricco ne dédaigne pas les incursions extra-romanesques et certains de ses livres, comme L’âme de Hegel et les vaches du Wisconsin (NB mars 1999), suggèrent des réflexions, aussi impertinentes que salutaires, sur des problèmes culturels de notre temps. Non content de délibérer, cette fois, il intervient carrément en proposant une version remaniée de l’Iliade, pour la rendre audible sur une scène de théâtre. Ses raisons ? Il les détaille dans une préface et une postface. S’il a modifié le style, élagué et resserré le texte, c’est par souci d’allègement. Et c’est “l’ossature laïque” de l’histoire et sa texture “éminemment humaine” qui ont justifié la suppression des dieux. Enfin, cette beauté de la guerre, magnifiquement chantée dans l’Iliade et trop longtemps censurée, « il faut l’écouter, dit-il, pour la comprendre et la désamorcer ». Il n’en reste pas moins que, traduite du grec en italien, réadaptée et transposée en français, l’épopée a perdu en route une grande part de sa fabuleuse dimension mythique et ce malgré l’enthousiasme ardent de l’auteur.
Homère, Iliade.
BARICCO Alessandro