La cantatrice.

« Un villageen folie »Dans les années soixante-dix, Gisèle Prassmück, cantatrice, flanquée de Nic Walton, son imprésario, vient se retirer au village bourbonnais de Saint-Pont, dans la grande demeure qu’elle a reçue en héritage. Obèse et alcoolique, elle ne chante plus. Pourtant Hanry Beaunaytre, sa belle-soeur Marie, ex-institutrice, le quincaillier Frayssinous, sont vite amoureux de sa notoriété et de ses yeux bleus. Paule, femme d’Hanry, et Maeder, pharmacien, l’exècrent. Seuls Nic, que la peinture défoule, et Yolande, une restauratrice collectionneuse d’âmes, sentent monter la folie et tentent vainement de l’enrayer. Le village paisible déraille brutalement : assassinat, mort mystérieuse, suicides, emprisonnement, incendie, « c’est beaucoup pour une seule femme qui voulait passer inaperçue. »  L’ennui et les cancans d’une bourgade provinciale de la fin du XXe siècle sont peints merveilleusement. Les portraits, croqués avec une verve cruelle, sont criants de vérité : Hanry, égoïste et prétentieux, Paule, méprisante et sotte, Frayssinous, bonasse et commun que l’amour métamorphose en prodigue presque raffiné, Maeder que son secret honteux rend paranoïaque. Christophe Mercier ne fait pas mystère d’aimer Flaubert, Balzac, et les feuilletonistes du XIXe siècle ! Un roman bien écrit, vivant, mordant, burlesque parfois. L.G. et N.C.D.