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En 1943, un avion amĂ©ricain coule un sous-marin allemand et sâabĂźme en mer. Deux survivants se retrouvent sur un radeau pneumatique. LâAmĂ©ricain, le âManchotâ, a perdu un bras. LââAutreâ, lâAllemand, est indemne. Solidaires dans la dĂ©tresse, les ennemis deviennent frĂšres, Ă©changent des confidences, parlent des femmes aimĂ©es et espĂšrent un sauvetage improbable⊠Le blessĂ© succombe Ă la gangrĂšne, lâAutre va affronter seul une mort inĂ©luctable. Parfaitement lucide, il en appelle Ă Dieu, dernier recours. Peu Ă peu, il sâenfonce dans un dĂ©lire peuplĂ© de fantĂŽmes et bientĂŽt meurt de soif. Une voix âoffâ analyse les sensations du mourant avec la froide objectivitĂ© dâun clinicien.
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Ce texte tragique publiĂ© en 1954 est aujourdâhui redĂ©couvert et traduit. Cette description trĂšs rĂ©aliste dâune agonie atteint une portĂ©e universelle : dĂ©nonciation de lâabsurditĂ© de la guerre, rĂ©flexion sur le passĂ©, le prix du temps. « Celui qui a encore du temps ne sait rien », dit-il. Aux portes de la mort chaque instant prend un poids nouveau. Le style dĂ©pouillĂ© de ce court roman lui confĂšre une force et une puissance incomparables. Une lecture Ă©prouvante mais bouleversante.