Nisard a le don de hanter et d’ulcérer Éric Chevillard qui ne cache pas son but : s’en débarrasser. Désiré Nisard, contemporain de Pierre Larousse et d‘Alfred de Musset, auteur d’une Histoire de la littérature française, académicien, a bel et bien existé. Il incarne pour l’auteur tout ce qui est exécrable dans son siècle et dans le nôtre, en littérature comme dans la vie quotidienne. La politique partisane, la justice incompétente, les polluants, l’alcool au volant… c’est lui. Le remède ? Enfermer tout Nisard, symbole de ce qu’il faut détruire, dans un livre et le faire taire à jamais. Oui mais voilà, un certain Convoi de la laitière, écrit de jeunesse, est introuvable. Un conte égrillard ?
Éric Chevillard adopte un style châtié qui sent son XIXe siècle, joue avec les mots, taquine la rime et tâte du langage leste et direct pour une diatribe au ton soutenu. L’humour dans Oreille rouge (NB mai 2005) était bien présent, ici il s’efface devant la virulence de vitupérations qui déconcertent. Mais où donc Éric Chevillard veut-il en venir ?