AndreĂŻ Makine, dans ce brillant essai politiquement incorrect, raconte sa France, mais au deuxiĂšme degrĂ©, avec toute la culture, la sensibilitĂ©, la profondeur qui sont les siennes. Il convoque ses grands Russes comme la Grande Catherine ou Pierre le Grand, ses grands Français comme Voltaire ou Clemenceau pour rappeler les caractĂ©ristiques de lâesprit français, ses qualitĂ©s, ses dĂ©fauts et ses racines profondes : le panache, lâarrogance, lâextravagance, le charme, la forme, le style, lâĂ©ducation et lâexpression de tout cela rĂ©sumĂ©e dans la langue. La dĂ©cadence actuelle trouve son expression la plus achevĂ©e dans un couple mĂ©tissĂ© de bobos incapables de reconnaĂźtre un passĂ© si proche et si respectable chez leurs parents, mĂ©lange de rĂ©sistants et de pĂ©tainistes. La forme extrĂȘme de cette dĂ©sespĂ©rance est lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale devant la violence des banlieues et lâimpĂ©ritie des institutions.  Un remarquable Ă©crivain, pour son plaisir et pour le nĂŽtre, sâest lancĂ© dans un bel exercice de rĂ©habilitation de cette France que lui nâoublie pas dâaimer et qui existe toujours pour qui sait la dĂ©couvrir. Encore le lecteur doit-il ĂȘtre suffisamment pĂ©nĂ©trĂ© des valeurs françaises passĂ©es pour ĂȘtre capable de humer les esprits de cet alcool subtil quâest la France de Makine.
Cette France qu’on oublie d’aimer.
MAKINE AndreĂŻ