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L’assassinat récent d’Anna Politskovkaïa, journaliste à Novaïa Gazetta, rend cette chronique, publiée avant sa mort, encore plus convaincante. Elle débute avec la deuxième campagne présidentielle de Poutine en décembre 2003, dénonçant au jour le jour, avec une indignation enflammée, les abus du Kremlin, la corruption de la justice et des fonctionnaires, la servilité de la douma, le racisme encouragé et la violence policière. Les faibles tentatives d’opposition sont brutalement réprimées, les gêneurs emprisonnés ou supprimés, les lois électorales trafiquées. Le peuple, passif, s’inquiète seulement de sa survie, des aides sociales supprimées, tandis que les attentats et la guerre en Tchétchénie multiplient des morts cyniquement ignorés. Les “révolution orange” des républiques voisines sont la hantise du pouvoir qui redoute cette “peste démocratique”. On peut faiblement espérer, malgré le fatalisme ambiant, que la gabegie actuelle provoquera une catastrophe économique salvatrice…
Les faits sont rapportés et commentés avec clarté et vigueur. L’auteure interroge des centaines de témoins, de victimes, donnant une voix à leur détresse et leur douleur. Faut-il avoir peur ? s’interroge-t-elle en dernière page. Maintenant, la réponse est oui.