Sans la mort, la vie est-elle possible ? Paul en fait la curieuse expérience dans ce conte surgi de la lande écossaise. Désespéré, l’enfant s’est jeté sur la grande dame noire, armée d’une faux, venue chercher sa maman gravement malade, et a réussi à l’enfermer dans une noisette. Le bonheur semble revenir dans la maison solitaire, mais à l’heure même où la mort est vaincue, les poissons échappent au filet, le boucher ne peut abattre son boeuf, et même les oeufs ne se laissent plus casser…
D’une grande sensibilité, les illustrations aux tons sépia et bleu sourd, évacuant le détail inutile, centrent l’attention sur l’enfant. Le gros plan sur Paul, les yeux au loin au moment d’accéder à la requête de sa mère, et de libérer la mort, minuscule, au creux de sa main, rend palpable l’angoisse du choix. Avec le rude bon sens et le ton direct des contes populaires, cette histoire appelle, dans une démarche originale, à reconnaître le lien objectif entre vie et mort, permet une approche apaisée d’un tel sujet, laissant philosophies ou religions répondre aux questions soulevées.