Le narrateur est, comme l’auteur, écrivain. Tout comme lui, il habite une ville dédiée au cheval et traverse la Seine pour enseigner à des Beurettes dont certaines le fascinent. Il souffre d’une crampe à la main qui entrave son écriture et en cherche le sens caché. Est-ce sa « calamiteuse dualité » affective, dont il rappelle la permanence, qui rend sa main morte ? Il tente de se soigner, alignant les consultations burlesques auprès de thérapeutes variés. Cela ne l’empêche pas de vivre une relation intense avec une écuyère chevronnée, qui prend quelque distance quand son ancienne amante vient la retrouver. Gravitent encore autour de lui un ancien officier revenu de Bombay, une veuve folle, un « homme qui marche », et surtout les chevaux.
La flamboyance extrême de la langue de Patrick Grainville est encore une fois au rendez-vous (La joie d’Aurélie, N.B. fév. 2004). Son hymne à la beauté s’appuie cette fois sur l’animalité du cheval, saturant (presque) la page de sensualité et de sexualité, dans une richesse de vocabulaire et d’évocation qui lui est propre.