Au seuil de sa vie, Fermin Maroto, pelliculeux de son état, ce qui n’exclut en aucun cas une vive curiosité mentale, entreprend, avec l’aide de son ami le narrateur, l’oeuvre de sa vie. Il est fasciné par une idée philosophique de haute portée : comment devient-on un raté ? Il nomme ces loosers des “débutants”, les recherche et les classe par catégories dès le premier acte posé. Autant de chapitres qui forment chacun un tout avec pour lien, si l’on peut dire, les pellicules récurrentes du chercheur. Voilà pour l’histoire que des esprits chagrins trouveront un peu fumeuse. Mais le style ? Ah, le style ! C’est lui qui fait le livre. Maniant le zeugma avec brio, s’abandonnant sans scrupule aux digressions et à “l’adjectif ornemental”, le narrateur très pince-sans-rire manie un humour plein de componction. L’auteur, Espagnol, moins de quarante ans, signe là son premier roman ; le traducteur, excellent, a dû bien s’amuser avec cette sorte d’anti-matière littéraire qui se mérite tant le lecteur peut être pris à contre-pied.
Les Perdants héroïques.
ALBERO Miguel