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Soulevant un nuage de poussière, le chevalier sur son destrier caparaçonné fonce, lance brandie, sur le dragon qui l’attend à la page suivante. Encore une double page, et l’homme poursuit son chemin chevauchant le monstre, à l’assaut d’un serpent tellement énorme, qu’on retrouve le chevalier juché sur sa tête au détour d’une autre page, face à une ville que tous deux investissent. La bête fait craquer les murs en s’y faufilant, l’homme pénètre au plus profond et délivre une princesse. Grimpés sur la plus haute tour, un oiseau gigantesque les emporte…
Sans paroles, le dessin s’inscrit à l’encre noire sur les aplats jaune ocre. L’espace de la double page, en format oblong, accentue le dynamisme de l’action et l’ellipse ponctue la hardiesse des conquêtes que le lecteur a le plaisir d’imaginer. Des volutes légères de la fumée à la profondeur des anneaux du reptile, le noir domine, relevé de touches de vert discret et de rouge aux effets dramatiques : souffle du dragon, regard effrayant du serpent. Une histoire à se raconter, un conte en équilibre sur une ligne d’horizon à peine esquissée ou sur les bulbes et les clochers pointus d’une ville imaginaire culbutée comme un jeu de cubes.