Même s’ils vécurent tous deux au Ier siècle – Jésus est mort en 33 et Néron est né en 37 –, le fondateur du christianisme et l’empereur sanguinaire n’auraient pu se croiser. Frappé par cette observation, lors d’un voyage où il se documente pour son livre sur saint Paul, L’avorton de Dieu : une vie de saint Paul (NB avril 2003), Alain Decaux décide de conter en chapitres alternés le développement du christianisme (jusqu’à Constantin) et la vie du premier persécuteur des chrétiens. Autant les sources objectives ne manquent pas sur le tyran fou – et Decaux aime les citer telles quelles – autant elles sont fragmentaires et apologétiques, sauf exception, sur les débuts du christianisme. L’académicien se met parfois en scène pour décrire la Judée ou la crypte de Saint Pierre de Rome. Il « espère que le lecteur ne lui en voudra pas trop de l’entraîner, d’un chapitre à l’autre, de l’Occident en Orient et vice-versa ». Si, un peu ! La construction du livre est artificielle et déséquilibrée, elle compte autant de pages pour quatorze ans d’empire que pour trois cent ans de christianisme. À l’applaudimètre, l’histoire du “méchant” – très saignante – est plus divertissante que celle – très sainte – des “gentils”, même si les deux sont instructives.
La Révolution de la Croix : Néron et les chrétiens
DECAUX Alain