Andrzej Stasiuk, pendant sept annĂ©es, a parcouru lâEurope centrale entre Adriatique et mer Noire. Tous les pays visitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©vastĂ©s par soixante-dix annĂ©es de communisme. Plus encore que les choses, les ĂȘtres ont Ă©tĂ© abĂźmĂ©s, une âsieste Ă©ternelleâ semble sâĂȘtre abattue sur eux comme dans les Contes de Galicie (NB mai 2005). LâAlbanie, oĂč la folie totalitaire a atteint son paroxysme, paraĂźt inguĂ©rissable. Le voyageur a fui les grandes villes et sâest attardĂ© dans la verdoyante Moldavie ou la sauvage Transylvanie. Il a aimĂ© lâodeur fĂ©tide des eaux stagnantes du delta du Danube. La prospĂšre SlovĂ©nie lui paraĂźt une anomalie dans ce chaos.
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Avec luciditĂ©, lâauteur explore cette Europe pauvre, si proche et si diffĂ©rente, oĂč les paysans partagent avec leurs animaux la rigueur des saisons, la boue, la puanteur. Il Ă©prouve une certaine tendresse pour ces hommes rĂ©fugiĂ©s dans le passĂ©, souvent oisifs, buvant sans joie, se livrant Ă dâobscurs trafics. Il faut lire, atlas en main, ce livre mĂ©lancolique et Ă©mouvant, succession de coups de projecteur sur des lieux dĂ©crits avec finesse et sensualitĂ© par un gĂ©ographe humaniste