L’histoire se devine lentement, élusive, sombre, une histoire d’amour et de mort. Deux jeunes soldats réchappés du massacre ont reçu d’un mourant une lettre à porter à son amante. Ils campent dans la forêt au pied de la maison où celle-ci, au milieu d’une famille destructrice, se laisse dépérir malgré l’affection de son jeune frère : elle a perdu son nouveau-né en même temps que son amant. Ils porteront la lettre, un avenir sera peut-être possible. Le lieu, l’époque restent indéterminés. Quelques détails matériels esquissent la banalité du quotidien, d’autres, plus insolites, prennent valeur de symbole et donnent une ampleur onirique au récit. Situations et sentiments se développent dans une théâtralité voulue, voire excessive. Une longue citation de Proust rappelle en exergue que la vraie vie, c’est la littérature. Et en effet, l’écriture, précise, élaborée, fait exister ces improbables rencontres et respirer la forêt.
Une maison dans la nuit
MANIÈRE Michel