Est-il possible, en tenant compte des crises sociales qui secouent la France, de respecter les différences sans renoncer à l’égalité ?
Alain Renaut, universitaire connu et écouté pour ses essais de philosophie politique, denses et approfondis (Qu’est-ce qu’une politique juste ?, NB janvier 2005), reprend la réflexion sur égalité et équité, appliquée une fois encore à l’égalisation des chances à l’université. La politique des quotas pouvant engendrer de nouvelles inégalités, il plaide, au risque de choquer les extrémistes de tous bords, pour une discrimination positive, justice réparatrice des déficits culturels, inégalitaire, mais associant égalité des chances et méritocratie dans la perspective d’un « élitisme ouvert à tous ». Son argumentation subtile, enrichie de nombreux échanges avec des étudiants, se lit avec intérêt. Il défend concrètement l’idée d’une compensation des déficits culturels par la proposition de compléments de formation à l’université elle-même, pour que chacun puisse tirer le meilleur parti de ses capacités, mais aussi de ses efforts, de son travail, avec la possibilité de réussir autant qu’il le peut et le mérite. Des perspectives qui nécessitent, selon lui, une réforme des universitaires bien plus qu’une réorganisation d’ensemble.