Notre sociĂ©tĂ©, fascinĂ©e par le scintillement de la beautĂ©, se dĂ©tourne de toute laideur et il est difficile dâĂ©chapper Ă cette injonction des medias : ĂȘtre superbe et rester jeune. Pour ceux qui lisent lâadmiration dans les regards, tant mieux ; quant aux hommes, et surtout aux femmes, non conformes aux canons pourtant trĂšs relatifs de la beautĂ©, ils doutent dâeux-mĂȘmes. « Endossant comme un manteau » une disgrĂące, mĂȘme banale, ils rĂȘvent de mĂ©tamorphoses et sâen remettent Ă la chirurgie. Ainsi, de façon naturelle ou artificielle, notre vie sâuse t-elle en transfigurations. Câest Le Portrait de Dorian Gray dâOscar Wilde actualisĂ©.  GwenaĂ«lle Aubry oublie quâelle est romanciĂšre (Lâisolement, NB novembre 2003) : la construction, trĂšs Ă©clatĂ©e et dĂ©routante, fait alterner les confidences dâune fillette soi-disant laide avec des croquis variĂ©s, amers, et volontairement flous Ă la façon âimpressionnisteâ pour illustrer son sujet. On peut admirer, sans toujours la comprendre, cette performance dâune auteure imprĂ©gnĂ©e de philosophie antique et de littĂ©rature qui nous promĂšne avec subtilitĂ© dans les dĂ©dales de sa pensĂ©e kalĂ©idoscopique sur la beautĂ©.
Notre vie s’use en transfigurations
AUBRY Gwenaëlle