Le chantier

MO YAN

Dans une lointaine province chinoise, une équipe d’ouvriers travaille à la construction d’une route. Ce sont des êtres frustes que la pauvreté condamne à ce travail pénible. Lorsque leur chef s’absente et désigne l’un d’eux pour le remplacer, de violentes disputes éclatent et le groupe devient incontrôlable. Peu à peu quelques personnalités se précisent, obsédées par un passé douloureux : familles brisées, frustrations sexuelles. La faim les tenaille, la capture d’un chien est une aubaine. Du village voisin, des femmes viennent proposer quelques victuailles, les excitent. Une épouse, démunie de tout, arrive pour accoucher…

 

Par petites touches, avec réalisme, l’auteur donne à voir dans ce court roman toute la misère ordinaire du petit peuple chinois. On reste obsédé par certaines scènes d’une cruauté insoutenable. Mais qui est coupable, dans une société d’une brutalité révoltante, fragilisée par la destruction des structures traditionnelles et où règne l’arbitraire des petits chefs ? La tendresse et l’espoir sont totalement absents de ce roman d’un auteur souvent inspiré par la paysannerie chinoise : Enfant de fer (NB juin 2004).