Tribulations d’un précaire

LEVISON Iain

Il est titulaire d’une licence de lettres, veut écrire le Grand roman américain. Pourtant, à quarante ans, il vit « un poil au-dessous du seuil de pauvreté ». Il arpente les États-Unis de petit boulot en petit boulot : soldat, employé de fast-food, déménageur, vendeur en poissonnerie, barman d’un soir, vendeur de filtres à eau, livreur de fuel, marin pêcheur en Alaska, etc. Que le métier puisse être exténuant, soit, mais ce qui est insupportable, c’est d’être en permanence roulé dans la farine par les employeurs. Les postes de responsabilité promis sont hors d’atteinte, toute la chaîne hiérarchique s’ingénie à vous exploiter, seul compte le résultat financier, les promesses d’enrichissement au simple travailleur sont un miroir aux alouettes.  Dans la même écriture alerte et efficace que Une canaille et demie (Livre du Mois NB août-septembre 2006), Iain Levison fait une critique mordante du monde ultralibéral du travail. Le plus plaisant est la lucidité de la victime, à la hauteur du cynisme de l’exploiteur. Admirables dans ce monde inhumain sont le courage et l’humanité de ceux qui tiennent ces jobs dont personne ne veut. Dure, dure la vie !