Cet essai polémique est une défense rageuse de la démocratie, attaquée par l’invasion de l’audiovisuel dans la vie privée et publique, qui conduit les hommes politiques à privilégier leur show à la réflexion d’avant l’action. En voulant se rapprocher du peuple et coller au terrain, en voulant tout dire et ne rien cacher, même ce qui devrait l’être, les politiques désacralisent la fonction et sacrifient les notions de bien public et d’intérêt général au profit d’une sublimation de l’opinion publique et des idées reçues. Le visuel remplace le réel et l’étalage de l’intimité supplée le débat d’idées. Cette déchéance de la démocratie, devenue la médiocratie, est concomitante de celle du théâtre, qui est sorti de la vie intellectuelle, politique et sociale. L’auteur s’insurge contre l’abandon de la scène par l’État et ses représentants, notamment de son statut, ses privilèges, son apparat et ses secrets, ce qui conduit à l’effacement de la puissance publique devant la puissance financière, et à l’oubli d’une certaine idée de la France. Dans un style nerveux, parfois difficile, Régis Debray s’élève contre la pensée unique.
L’obscénité démocratique
DEBRAY Régis