Entre un hymne à l’amour et un hommage talentueux que le narrateur rend à son père, Éric Fottorino avance par petites touches dans le récit classique d’une passion amoureuse entre un juriste divorcé et une femme mariée.
Elle, une femme sortilège, à la crinière rousse, fantasque et possessive, agit comme une drogue et le rend dépendant. Lui, cherche à découvrir dans les salles obscures le secret de sa naissance « due à un baiser de cinéma ». Le visage de sa mère inconnue est peut-être sur ces films noir et blanc dont son père était le photographe. Quand sa maîtresse est absente, les souvenirs reviennent des paroles du père. Fottorino se pose alors en passeur de lumière, quand le Leica révélait plus que la beauté des femmes et que naissait « La Nuit américaine ». Il entraîne son lecteur vers tout un bric à brac de lentilles de Fresnel, de vieux titres de films et d’acteurs disparus.
C’est un peu « chabadabada » ; et, même si l’auteur s’offre une fin un peu mélo, on redemande de ce style élégant et fluide, dans la tradition romanesque dont est issue son oeuvre, y compris Korsakov (NB août-septembre 2004).