Le narrateur, emprisonnĂ© sans mĂ©nagement dans un cachot souterrain, entravĂ©, surveillĂ© par une femme soldat impitoyable, se demande qui il est. AccusĂ© de fanatisme islamiste, il sâaccroche au fond de lui Ă une douce lumiĂšre, humaine ou divine, peu lui importe. Son espĂ©rance, intacte, lâaide Ă Ă©chapper aux tortures âbanalesâ de la claustration (faim et soif). Lâagonie approchant, lâhomme torturĂ© se remĂ©more, en vrac, des disputes thĂ©ologiques dans les faubourgs dâIstanbul, des versets coraniques et des enseignements de BernanosâŠ
Â
Le poĂšte, peintre et Ă©crivain anticonformiste, Jean-Claude Pirotte (Une adolescence en Gueldre, NB octobre 2005), se livre Ă une dĂ©nonciation subtile et bouleversante des captivitĂ©s arbitraires. La tentative de comprĂ©hension de ses âfrĂšresâ bourreaux par le narrateur est exemplaire. Au fil des ignominies subies, lâhomme sent sa force croĂźtre et prend conscience de la fragilitĂ© et de la beautĂ© de lâespĂšce humaine. Avec une langue ciselĂ©e, brute et poĂ©tique, une ponctuation au compte-gouttes, lâauteur dĂ©clare que la torture nâest jamais lĂ©gitime.