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Dans une Yougoslavie écartelée par la guerre et ses séquelles, soumis à un système implacable, a-t-on encore un espace de liberté et peut-on chercher un sens à sa vie quand les références habituelles ont disparu ?
Les quatre nouvelles d’Alexandre Tišma traduisent ce désarroi à travers les rapports d’une horreur glacée d’un bourreau avec sa victime, la nuit terrible d’un homme qui sait que sa famille va mourir ou la cruelle absurdité d’une procédure administrative. Conduits avec un art consommé de la construction et de la chute, ces récits se lisent d’une traite. Ils dépassent leur cadre historique et posent des questions auxquelles il est bien difficile de répondre. On retrouve dans ces nouvelles le regard sans illusions, mais empreint de pitié, que portait l’auteur sur les hommes et les femmes qu’il décrivait dans L’usage de l’homme (N.B. jan. 1986) ou Le Kapo (N.B. mai 1989). Mort en 2003 à Novai Sad (Serbie-Monténégro), Alexandre Tišma mérite une place de choix dans la littérature slave contemporaine.