L’Inde est devenue une puissance informatique : quatre cents multinationales, des sociétés françaises comme la Société Générale, Axa, ou Biomérieux y sous-traitent en partie gestion, comptabilité ou recherche. Sur trois cent mille ingénieurs formés annuellement en Inde, le tiers part en Angleterre et aux États-Unis. Vingt-deux millions d’expatriés envoient chaque année quinze milliards de dollars au pays. Cette élite, aussi à l’aise à New York, Singapour qu’à Delhi, s’est développée au détriment du reste de l’Inde, accentuant des inégalités ancrées dans la culture et l’hindouisme, encouragée par un gouvernement qui privilégie l’exportation de services à haute valeur ajoutée, longtemps l’exclusivité des pays occidentaux. Nos classes moyennes européennes pourraient bien en pâtir. Un document riche de considérations intéressantes, par une journaliste économique qui a vécu trois ans en Inde. La vision sur les castes et le manque de sens civique inné des Indiens est un peu systématique. Certaines conclusions laissent dubitatif : pourquoi l’enrichissement de cette élite empêcherait-elle le reste du pays de bénéficier des retombées de l’éducation ?
L’Inde à l’assaut du monde
CHARRIN Ève