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L’émigration russe vers la France s’est façonnée par strates bien différenciées. Au siècle des Lumières, c’est une classe privilégiée, parlant le français, qui choisit de vivre à Paris. Puis, à la fin du XIXe siècle, des rescapés des pogroms se retrouvent rue des Rosiers. Par la suite, pour échapper à la Révolution russe, arrivent les exilés ; aussi rencontre-t-on des princes chauffeurs de taxi et d’autres émigrés qui triment dans la peine comme métallos à Billancourt. Aujourd’hui arrivent de « nouveaux Russes », oligarques nantis ou « filles » de l’Est.
De lecture agréable, l’essai de Pierre Grouix foisonne de noms et d’anecdotes souvent méconnus mais resurgissant parfois de la mémoire du lecteur. L’auteur sait conter toutes les facettes de l’âme russe, toute la luxuriance de son caractère, toutes ses souffrances maintenant apaisées, mais aussi son apport significatif au monde hexagonal de la musique, de la danse et de la littérature. Le Russe de France se reconnaît aussi bien dans la « Russie intérieure » si chère à Henri Troyat que dans Le Testament français d’Andreï Makine, explique-t-il.