Une femme en marche

Catherine Rey (Ce que racontait Jones, NB octobre 2003), dans ce roman autobiographique – son sixième livre – conte avec une énergie rageuse sa lutte pour s’accomplir par l’écriture et le roman. Son itinéraire est fait d’arrachements successifs : à sa mère, d’abord, dans une famille de femmes fortes et d’hommes falots, à sa classe préparatoire scientifique pour aller vers des études littéraires et le professorat, à sa condition sociale par amour pour un ouvrier, enfin à son statut de femme soumise. Jusqu’au déchirement : pour se libérer d’un amour devenu enfermement, elle s’exile en Australie, pays d’origine de son père, où elle se fera piéger à nouveau, avant de rebondir encore… Tout au long, elle veut faire entendre, sans fard, les affres de sa création littéraire. Forme et fond se ressentent de cette fureur : d’une violence et d’une rugosité un peu forcées, au risque de paraître affecté, le livre n’échappe pas de surcroît, sur la fin, aux poncifs d‘un féminisme trop convenu.