Le corbeau blanc

STASIUK Andrzej

En 1993, cinq Polonais de Varsovie, trentenaires, plus ou moins paumĂ©s, dĂ©cident de s’aventurer en plein hiver dans les forĂȘts de la Pologne orientale, voisines de l’Ukraine. Quatre d’entre eux se sont connus Ă  l’école et le cinquiĂšme est un Ă©crivain ratĂ©. Ils s’embourbent rapidement dans les sentiers enneigĂ©s de la forĂȘt des Carpates, allant d’abris abandonnĂ©s en refuges inhospitaliers. Le froid ne les empĂȘche pas de philosopher sur la mort, l’amour, les femmes, la ville, et les encourage Ă  consommer force vodka. Leur errance associe beuveries, puanteur, crasse, et crainte obsessionnelle d’ĂȘtre rattrapĂ©s par la police aprĂšs l’agression d’un garde-frontiĂšre.

 

Écrit il y a douze ans, ce rĂ©cit colorĂ©, mixant en permanence passĂ© et prĂ©sent, est sinistre. Certes, l’auteur ne manque pas de talent et son style nerveux, volontairement trivial, traduit bien l’écrasement des hommes par l’environnement et la dĂ©sespĂ©rance. Cet existentialisme dĂ©senchantĂ©, et finalement tragique, dĂ©veloppe une angoisse qu’amplifie l’écoulement inexorable du temps, comme dans L’hiver (NB avril 2006). DĂ©primĂ©s s’abstenir.