Après des biographies de Vivant-Denon, Casanova, Mozart, Nietzsche (Une vie divine, NB janvier 2006), faire-valoir où il tenait l’arrière-scène, Philippe Sollers en arrive au vif du sujet : lui-même, sa vie, ses oeuvres. Allègre perspective qui colore son texte d’une légèreté incisive, délicieuse dès les premières lignes (le sérieux vient bientôt, pas toujours où on l’attend). Début enlevé, donc, et lecture réceptive pour parcourir avec lui quinze ans d’une enfance bourgeoise revendiquée, cinquante ans de vie littéraire parisienne et d’immenses lectures. Les femmes, Venise, l’île de Ré, les Grecs, la Chine, la Bible, le catholicisme romain sont thèmes récurrents pour une mise à nu toute de feintes et d’esquives… Philippe Sollers accentue à dessein, goguenard, un contentement de soi énorme, il liste, peut-être plus sincèrement, les insultes et les calomnies dont il est accablé (est-ce si sûr ? On pense au pauvre Rousseau). Profond, moqueur, prophétique, il commente au quotidien notre triste civilisation, assassine ou couronne, accumule les citations pertinentes, regarde les arbres et la mer… Lira-t-on ses oeuvres en 3036, comme il l’affirme ? Lisons déjà celle-là.
Un vrai roman : mémoires
SOLLERS Philippe