Auteur prolixe de romans policiers (La Saison barbare, NB avril 2004, Monestarium, NB juin 2007), Andrea H. Japp excelle dans l’art de la nouvelle littéraire. Avec elle, le lecteur part à la rencontre de ces personnes qu’elle a croisées un jour : Edmond, le SDF cultivé, accroché à son caddy de livres comme à une bouée de sauvetage, David, le garçonnet amputé d’un bras, rencontré dans un hôpital, Jeanne la vieille dame futée, rongée de solitude qui organise un viager pour vivre plus longtemps…
Quatorze nouvelles savoureuses, à savourer. En quelques phrases, le décor est planté, le héros campé avec une épaisseur humaine incroyable. Qu’il soit conducteur de bus, enfant, homme mûr, grand-mère, jeune femme paumée, chaque personnage entraîne le lecteur dans une aventure. L’auteure nous parle d’une « élégante humanité en naufrage », elle réhabilite les plus démunis, étudie les rapports de force professionnels et amicaux, les manipulations affectives. Elle sonde les coeurs et les âmes avec une précision chirurgicale dont les mots sont ses meilleurs outils. Dignité, pauvreté, jalousie, beauté, pitié, dépression, fantaisie, chaque nouvelle est un voyage au coeur des faiblesses humaines.