Londoniens, les Melrose passent tous les étés dans le midi de la France chez Eleanor, la grand-mère paternelle, mais voilà que celle-ci donne, de son vivant, la propriété à un gourou, évinçant son avocat de fils Patrick, sa belle-fille Mary et leurs deux garçons, au profit d’un centre New Age. Tandis que l’heureux bénéficiaire abandonne sa bienfaitrice devenue sénile. Patrick déprime, cumulant alcool, médicaments et aventures extra-conjugales jusqu’à un calamiteux voyage aux États-Unis…
Edward St Aubyn a l’art de gratter de sa plume acérée là où ça fait mal, s’attaquant avec un humour ravageur à la prégnance de la relation mère/enfant. Eleanor et Mary, mal-aimées, réagissent différemment : l’une, dévouée à de nobles causes, lèse son fils ; l’autre, esclave de ses enfants-rois, Robert et Thomas, sacrifie son couple. La construction est rigoureuse : quatre mois d’août successifs, les points de vue alternés de Robert, Patrick, Mary, et la frustration qui grandit. Les personnages perçus avec finesse prennent corps grâce à des détails bien trouvés dans des situations et un environnement parfois loufoques qui les rendent tour à tour irritants, infantiles ou pathétiques et surtout… so british !