NĂ©e en Galice en 1868, Caroline Otero, misĂ©rable bĂątarde prĂ©coce et ambitieuse, devient la reine de la Belle Ăpoque, entre 1890 et 1914. PiĂštre danseuse et chanteuse mais douĂ©e d’une sensualitĂ© et d’un magnĂ©tisme exceptionnels, elle donne chair Ă l’idole fabriquĂ©e par d’avisĂ©s protecteurs. Femme fatale aux amants aussi prestigieux que gĂ©nĂ©reux, elle se retire volontairement Ă quarante-six ans Ă Nice, oĂč elle meurt en 1965, ruinĂ©e par le jeu, solitaire, oubliĂ©e.  Curieuse de personnages contradictoires (Le Bon Serviteur, NB avril 2005), l’auteure cerne son hĂ©roĂŻne en Europe, en AmĂ©rique, dans un ouvrage entre roman et biographie, fait de courts chapitres. Pressentant sa mort, Caroline Otero apostrophe les fantĂŽmes de son existence. Ainsi entend-on son hagiographe, ses amoureux, ses amis et sa voisine, ultime spectatrice d’une dĂ©chĂ©ance lucidement analysĂ©e. Entre fantasmes, mensonges, rĂ©alitĂ©, on cherche â en vain â la femme Ă©mouvante. Elle s’inscrit dans ce « monde perdu » oĂč la courtisane et le compte en banque assuraient le statut d’un homme, inspiraient des Ă©crivains, participaient Ă une vie cultuelle adroitement Ă©voquĂ©e.
La Dame de coeurs
POSADAS Carmen