Ce petit ouvrage pourrait être une simple pochade divertissante. Il faut en réalité l’apprécier comme un conte philosophique à la manière de… Notre héros est plutôt un anti-héros, individu médiocre, inconsistant et sans moralité, mais pas sans innocence. Sa mollesse le conduit à se laisser entraîner par de distingués menteurs dans de sombres manipulations. Il va ainsi de catastrophe en catastrophe et vit des péripéties rocambolesques en parcourant le monde.
Le récit est vif. C’est d’une plume alerte que l’auteur, connu pour son oeuvre philosophique et historique (Le malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, NB décembre 1998), brocarde tour à tour l’enseignement, les milieux bancaires, la diplomatie, la justice. Dans ce grand déballage, les femmes sont épargnées ; rouées ou naïves, elles apportent la tendresse nécessaire. Certaines descriptions, particulièrement savoureuses, ne manquent pas leur cible, et le discours de l’attaché d’ambassade à Moscou est un poème de suffisance et d’hypocrisie. C’est avec philosophie que notre Candide concluera : en guise de jardin, il cultivera son billard.