Pour éclaircir la mort étrange de ses parents, George, cinquante-neuf ans, revient dans son village natal. Happé par des souvenirs qu’il pensait effacés et pour confirmer son identité, il enquête sur la vie de son père imprimeur, de sa mère couturière. La dernière ouvrière de celle-ci lui tend le fil de leur parcours de 1936 à nos jours. Rob, jeune aristocrate anglais au séduisant marivaudage et vrai résistant, Rainer officier allemand lucide et désespéré entourent, pendant la Guerre, le couple et leurs amis. Tous seront témoins ou acteurs de nauséabondes collaborations, de trahisons, d’héroïsmes aussi. Et, sous les pavés mouillés de ce Nord souvent célébré par l’auteur (L’Espoir d’aimer en chemin, NB avril 2006), George appréhende les ombres de destinées entremêlées, leurs misérables ou nobles secrets, leur si incertaine vérité, la sienne peut-être… Sur le ton de la narration ou de la confession, le romancier superpose, entrecroise les époques, les événements historiques. Des mots justes, des images fortes, un sens du raccourci illustrent les incessants questionnements de ces êtres à la mémoire ressuscitée que l’auteur peint avec gravité, sensibilité, tendresse.
Une ombre, sans doute
QUINT Michel