Le choix de Shéhérazade pour prénommer l’héroïne annonce d’emblée la couleur. Sans comporter mille et une pages, voici un récit en boucles et circonvolutions où la séduction, plus intellectuelle que physique, la famille et la mort ont leur place. Fille unique d’un veuf, un sympathique cafetier marocain du cinquième arrondissement de Paris, Shéhérazade, la prunelle de ses yeux, entre à quinze ans au lycée Louis le Grand grâce à un programme expérimental. Fascinée par les deux « têtes de classe », elle est prête à tout pour leur plaire mais, entre sa tribu de cousins-cousines de banlieue et les intellos gâtés qui l’entourent, comment peut-elle garder son équilibre ?
Amitié et racisme feutré, honte et amour filial s’entrechoquent. Le roman, dans le style limpide, direct, caractéristique de l’auteure, est en prise avec le quotidien et la psychologie des adolescents. Au delà des thèmes de la double culture, de l’intégration, de la discrimination positive, il pose la question de la réussite sociale et de l’équilibre personnel puisque Shéhérazade, après avoir fait Sciences Po, devient célèbre, à la tête d’une émission de télé-réalité. Mis à part quelques paradoxes un peu journalistiques, ce livre de Stéphanie Janicot montre l’intérêt qu’elle porte à la jeunesse et à Cet effrayant besoin de famille (NB mai 2006).