Jonathan Littell, à partir d’une analyse du chercheur allemand Theweleit sur la structure mentale du fasciste-type, a creusé en 2002 la personnalité de Léon Degrelle. Agitateur politique belge dans les années 1930, pro-allemand, engagé dans la Wehrmacht, muté à la Waffen SS, Léon Degrelle mourut presque nonagénaire en Espagne. Ses agissements, discours et surtout son ouvrage La campagne de Russie servent de support à un décryptage sémantique et psychanalytique opposant les nazis à leurs adversaires, soviétiques notamment. À travers les mots et les expressions, dans l’optique de la propagande, les fascistes subliment leur image et mettent en exergue le sec, le rigide, le pur dans une « carapace » insensible les isolant de l’humide, du flasque, du boueux, où pataugent les autres. De nombreuses photos commentées illustrent cet opuscule ; elles renforcent la thèse du héros protégé de la déchéance physique et morale, tel le personnage de Max Aue dans Les Bienveillantes (NB novembre 2006). Cette étude minutieuse et érudite, parfois obscure, voire contradictoire à force de se vouloir convaincante, est une introduction ou un complément intéressant au best-seller de Jonathan Littell.
Le sec et l’humide : une brève incursion en territoire fasciste
LITTELL Jonathan