Historien, l’auteur ne fait pas le récit des « événements » de Mai 68, comme on a l’habitude de nommer la révolte étudiante contre l’ordre établi. Vingt ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, un mouvement de société se met en route dans lesquels sont impliqués lycéens, étudiants, employés, ouvriers. Des changements se dessinent en profondeur dans l’école, le travail, la sexualité, la place de la femme, l’écologie, qui basculent de l’intime dans le domaine du politique. Le récit de quatre épisodes postérieurs à l’année 68 signe la remise en cause de l’opinion, qui reste divisée. Le 1er septembre 1969, Gabrielle Russier, professeur de lettres condamnée par la justice pour l’amour qu’elle partage avec un étudiant mineur, se donne la mort. Le 25 Février 1972, Pierre Obernay, ouvrier spécialisé est tué par un vigile de la Régie Renault, les forces de l’ordre réprimant dans la violence la grève demandant l’abolition du travail à la chaîne. Dès Mai 68, la guerre du Vietnam éveille les consciences : les morts de civils femmes et enfants, l’emploi du napalm et près de 500 000 jeunes américains qui ne supportent plus la guerre totale : une manifestation se met en place le 9 Mai 1970. Les 25-26 Août 1973, c’est la Marche du Larzac en réaction au projet d’extension du camp militaire de 3000 à 17 000 hectares et en soutien aux paysans menacés d’expulsion. Manifestation qui ouvre de nouveaux horizons de société égalitaire, de retour à la terre… dont Mai 68 était l’élément déclancheur mais dont les effets se font sentir bien au-delà : les acteurs ordinaires rejoignent l’universel des « années politiques » qui suivent.
1968, années politiques
ARTIÈRES Philippe