L’histoire d’Alim Safarov, écrivain russe du Caucase

LIPKINE Semion

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En 1944, les Tavlars, peuple montagnard du Caucase, sont déportés massivement à l’est, car Staline soupçonne les cultures orientales traditionnelles d’alimenter un nationalisme régional et des velléités de liberté. Et les écrivains gouchanes de la même république, épargnés par l’exil, doivent accepter des traductions qui calibrent leurs oeuvres en fonction de la pensée unique soviétique. Tel Bodorski, le traducteur intègre et ouvert, qui semble le double de l’auteur. Puis la déstalinisation autorise le retour des réfugiés et permet progressivement l’éclosion d’une nouvelle génération d’écrivains, incarnée par le jeune Alim Safarov, à la fois russe et tavlar, succédant aux chantres de l’âme islamique et aux auteurs asservis au régime.

 

Longtemps ignoré à l’est comme à l’ouest, Semion Lipkine, aujourd’hui divisé, raconte ici l’histoire réelle des relations entre le pouvoir central russophile et les écrivains des minorités. Son roman paru en 1989 nécessite une lecture attentive, mais dégage un charme particulier, parce qu’il stigmatise avec finesse et humour l’hypocrisie des dirigeants mégalomanes soviétiques et les inévitables compromissions des politiciens et écrivains caucasiens, tout en évoquant les légendes orientales dans un cadre somptueux. Ce faisant, il éclaire les soubresauts présents.