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Un bébé, tout nu sur la première page, crayon rouge et feuille en main. Autour, comme le cadre d’une photo — ou des barrières qui enferment la vie — trois définitions en petites lettres : « rideau de fer », « guerre froide », « communisme ». « Il » est né dans un pays cerné par ces mots, mais « il » a toujours eu envie de dessiner. Comme un album aux photos bien classées, les images suivent les heures de l’enfance : petit avec ses parents, se promenant en ville, en route pour le gymnasium, étudiant au collège… Les années passent. Soudain, c’est l’explosion des couleurs de la vie, en simultané : l’adolescence, et le Printemps de Prague. L’Occident, sa liberté artistique et culturelle, envahissent son univers. Bref répit : « il » part en Angleterre, en revient pour voir le mur se refermer.
Le récit a plusieurs registres. Traitées à la plume, les décors peignent une ville grise où les symboles communistes sont en place : chars et milices dans les rues, monuments imposants… Seules touches vives sur la grisaille omniprésente où les hommes, minuscules, sont écrasés par le pouvoir : le rouge des drapeaux et les peintures multicolores de l’enfant. Qui est « il », sinon Peter Sis lui-même ? En bas de chaque page, en phrases brèves, la genèse d’un talent qui se développe dans des années sombres. En contrepoint, des mots posés dans les marges disent le quotidien des hommes derrière « le mur ». « Il » révèle son histoire personnelle avec le recul de la troisième personne, pour mieux souligner sa dimension collective.