Le Degré suprême de la tendresse

MARIENSKÉ Héléna

« Degré suprême de la tendresse »…  Dali, paraît-il, aurait ainsi défini le cannibalisme. Celui dont on parle ici est circonscrit (circoncis ?), et moins tendre que prétendu ; il se borne au coup de dent fatal d’une belle sur un membre masculin indésirable. Ce dénouement conclut invariablement huit nouvelles, fables, historiettes ou courts romans. Monotone ? Non. Car l’auteure, déjà bien inventive en intrigues, renouvelle chacune en empruntant successivement leur style à Houellebecq, Tallemant des Réaux, Céline, La Fontaine, Angot, Montaigne, Ravalec et Perec. De ces textes, les plus courts sont les meilleurs. La Fontaine ou Christine Angot renieraient-ils les pages qui se faufilent ainsi dans leurs oeuvres ? Houellebecq bis, comme le modèle, tire en longueur et le texte de Perec, mâtiné de Jules Verne, saupoudré de Proust et de Rimbaud, réjouit souvent mais lasse parfois, avec son vocabulaire divagant. N’empêche, cet opus lestement troussé peut rejoindre en bonne place l’enfer des bibliothèques, section pastiche. Après Rhésus (NB octobre2006), Héléna Marienské, croqueuse de sexe, sinon de sexes, utilise avec talent une riche expérience littéraire et érotique.