MaĂŻssa Bey sort de son registre habituel de chantre de la condition fĂ©minine (Surtout ne te retourne pas, NB mai 2005) pour dĂ©crire, sous une forme un peu Ă©lĂ©giaque, la conquĂȘte et la colonisation de lâAlgĂ©rie de 1830 Ă 1962. Seuls quelques paragraphes signaleront que dâautres conquĂ©rants ont existĂ©. Dans un style hachĂ©, saccadĂ©, avec des phrases courtes, souvent cinglantes, elle laisse Ă©chapper toute la rancoeur dâun peuple envahi, puis francisĂ© et, de fait, asservi, se sentant toujours mĂ©prisĂ© et exploitĂ©. La charge Ă©motionnelle est telle que tout raisonnement historique impartial est impossible, et ce nâest certes pas le but de cet ouvrage, que lâon pourrait considĂ©rer comme un pamphlet, mais qui ressemble plutĂŽt Ă une catharsis. Lâamertume nâexclut pas la poĂ©sie, omniprĂ©sente, qui rend la lecture particuliĂšrement agrĂ©able, nous aidant ainsi Ă surmonter lâhostilitĂ© du contenu. Plus de quarante ans aprĂšs la naissance de lâĂtat algĂ©rien, a-t-elle trouvĂ© un apaisement ?
Pierre Sang Papier ou Cendre
BEY MaĂŻssa