À la fin du XXe siècle, l’arrêt de la « guerre froide » laissait espérer un avenir mondial pacifié. Il n’en a rien été et les rapports internationaux restent sous forte tension. Approfondissant ses analyses précédentes (Le nouveau désordre mondial : réflexion d’un Européen, NB novembre 2003), Tzvetan Todorov étudie les possibilités d’obtenir une mondialisation apaisée où l’opposition des idéologies, modes de vie, religions ne seraient pas une source permanente d’agressions, de « chocs des civilisations ». Il se livre d’abord à un long exposé historique et sémantique, quelque peu abstrait, sur les termes « barbaries, « civilisation(s) », « culture ». Puis il en tire des conclusions pratiques pour juger des cas concrets, prônant la tolérance contre la force imposée : guerre en Irak, assassinat de Van Gogh, discours papal à Ratisbonne, tortures, caricatures danoises, limites de l’Europe… Comme habituellement, l’essai de l’auteur est solidement documenté et ses références à des penseurs tels que Montaigne, Rousseau, « Les Lumières », Hungtington, Germaine Tillon…, éclairent son exposé. Celui-ci peut paraître idéaliste, parfois répétitif et sa lecture nécessite une attention soutenue. Il n’en demeure pas moins un phare pour guider les comportements actuels entre civilisations.
La peur des barbares : au-delà du choc des civilisations
TODOROV Tzvetan