Bambi Bar

L’affaire commence comme un roman policier par l’irruption d’un adjudant en képi et se termine par une scène en ralenti comme dans un film à grand spectacle. Léon Rebernak, chauffagiste, est soupçonné par les gendarmes d’avoir percuté avec son automobile une jeune fille, Caddie, danseuse au Bambi Bar qui se trouve en face de chez lui. Il l’est d’autant plus qu’une paire de jumelles trône à sa fenêtre. Conté par le voyeur suspect, fourvoyant à plaisir le lecteur, se déroule un habile scénario comprenant des petits truands, une chaudière à réparer, des filles à aller chercher à la gare, une limousine, un fer à souder et une grenade. Et surtout, une promesse à tenir.

« Un livre trop long est une impolitesse », écrivait Proust dans sa correspondance. À son habitude (cf. L’épave, NB décembre 2006), Yves Ravey est extrêmement poli. Ses quatre-vingt-dix pages écrites dans un style économe et précis font plus d’effet que beaucoup de pavés de cinq cent pages.