Cette ultime question ambitieuse de Juli Zeh (La Fille sans qualitĂ©s, NB aoĂ»t-septembre 2007) est posĂ©e dans un Fribourg suisse et estival, calme comme lâoeil du cyclone. Ambitieux, ce roman lâest Ă plus dâun titre. D’abord par le statut professionnel des hĂ©ros, deux physiciens âgrandes pointuresâ : SĂ©bastien lâadolescent attardĂ© est nanotechnologue universitaire et la mĂ©canique quantique conduira peut ĂȘtre Oskar, le dandy ironique, au Nobel. Ensuite par la hauteur des prĂ©occupations divergentes qui les habitent, les mondes parallĂšles, le temps pour lâun et la relativitĂ© universelle pour lâautre. Enfin par lâĂ©paisseur complexe de l’amitiĂ© ambivalente qui les lie.
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Juli Zeh nâhĂ©site pas Ă mettre en mots spĂ©cialisĂ©s intelligents les affrontements physico-mĂ©taphysiques de ses hĂ©ros. Les dĂ©bats en sont nĂ©o-professionnels, vraisemblables et affectĂ©s. Lâusage parfois volontairement inopportun du prĂ©sent met lâaccent sur la question du temps. Un crime sera commis. Mais lâexistence dâunivers multiples permet-elle de faire une chose tout en ne la faisant pas ?