Est-ce un roman, ou une autobiographie qui se culpabilise d’en être une et pourtant le revendique ? Le premier livre de Laurent Nunez, introspection savante et lente entre esquive et confidence, hésite et combine autocritique et justification. Pour l’auteur, l’écriture est plus que vitale, c’est une survie. Légitimée et charpentée par une expérience de vie puissante. Afin de traduire les intermittences de son coeur oublieux, mendiant ou nomade, il s’appuie sur Quignard, Duras, Proust ou Borel. C’est une audace de timide pour ce grand lecteur attiré par les hommes, incertain et dépressif, obsédé par le temps, en quête et incapable d’amour, qui emprunte parfois jusqu’au style de ses auteurs référents. Le livre est singulier et nourri d’une ambition littéraire tangible. La plume flexible, lucide et sensible, transcrit jusqu’à l’intime et à l’infime les fluctuations d’un corps, d’un coeur et d’une humeur. Même si cette transparence indéfiniment débattue alanguit le récit.
C.R.D.P. et L.G.