Pour fêter une année de bénéfices exceptionnels, un trust international a prévu pour ses grands actionnaires, ses dirigeants et leurs épouses – pour la plupart amoraux, cupides, libidineux – une nuit de la Saint-Sylvestre à bord d’un paquebot. Au programme : feux d’artifice, bal costumé et invités de marque, dont le ministre de l’Intérieur, et acteurs de cinéma. Les salariés d’une société du groupe, liquidée froidement pour cause de délocalisation, ont décidé de gâcher la fête. Licenciés sans ménagement, mais courageux, dignes, solidaires, menés par un technicien grand lecteur de Shakespeare, ils détournent le navire, bien décidés à périr s’il le faut. Les rapports de force sont alors inversés, les caractères se révèlent. Ce brûlot anticapitaliste en forme de thriller est bien construit, mené avec brio et servi par une plume alerte, expressive, incisive. Maniant la dérision et la bouffonnerie, ce roman passionné, et réaliste dans la lignée de Zola, suscite l’intérêt jusqu’au bout. Il confirme Les Vivants et les Morts (NB avril 2005).
Notre part des ténèbres
MORDILLAT Gérard