Hélène, femme d’un ex-détenu multirécidiviste, décide d’éditer la correspondance intime que celui-ci lui a envoyée pendant ses six années de captivité en Espagne. Au fil des jours, il raconte l’isolement difficile, les « vis-à-vis », parloirs octroyés aux couples, la routine destructrice, la drogue… mais aussi leur mariage. Pour ne pas sombrer, et grâce à l’amour d’Hélène, il s’accroche à l’écriture d’un roman qu’il espère voir publié. laude Lucas, sur un sujet déjà longuement traité dans Suerte (NB octobre 1996), décrit avec force la vie en prison. À travers ses lettres tour à tour tendres, excessives, impudiques, émouvantes, le héros parle à coeur ouvert, aidé par l’amour de son épouse. Cette démarche apparaît comme une thérapie nécessaire face au désastre de son passé. Cet homme cultivé, à travers ses réflexions philosophiques, montre sa volonté d’infléchir son destin. Son écriture vraie, sans détour ni tricherie sur son propre compte, traduit bien les complexités de l’univers carcéral. Le monologue adopté comme genre littéraire est parfois oppressant et répétitif, mais l’énergie qui s’en dégage laisse présager la réinsertion réussie de son auteur.
Amor mío : lettres de prison (1989-1994)
LUCAS Claude