« Si j’Ă©tais magicien du possible et de l’impossible… » est la phrase clĂ© d’Aleksander, petit garçon d’une famille serbo-bosniaque dans l’ex-Yougoslavie. Il est vif, intelligent, d’un imaginaire inĂ©puisable ; il voudrait tellement faire revivre, avec lâaide de sa baguette magique, son grand-pĂšre qui vient de mourir et quâil aimait tant. Mais son grand-pĂšre ne ressuscite pas et câest la guerre qui arrive inexorablement. Enfant, puis adolescent dans les annĂ©es quatre-vingt-dix, il Ă©crit avec une grande sensibilitĂ©, comme on dessine, la vie de Visegrad, son village, l’absurditĂ© de la guerre, l’expatriation en Allemagne et le retour au village… enfin. Contre toute attente, mĂȘme en plein coeur de la tragĂ©die, ce rĂ©cit est drĂŽle car Aleksander garde toute la fraĂźcheur d’un gamin facĂ©tieux et tendre. Il est aussi un tĂ©moignage, lisible par tous, qui, mieux qu’un documentaire, Ă©voque tout Ă la fois la vie rurale avant la guerre, les convictions politiques, l’exacerbation des diffĂ©rences culturelles et la violence absurde aprĂšs Tito. L’Ă©criture magnifique a une force considĂ©rable. NĂ© en 1978, lâauteur, comme son hĂ©ros, est bosniaque par sa mĂšre et serbe par son pĂšre. Son premier roman a tout d’une autobiographie. Pardonnons-lui ses longueurs et attendons une nouvelle preuve de son talent.
Le soldat et le gramophone
STANIĆ IÄ SaĆĄa